L’illusion d’un lifting obtenu en tirant les cheveux en arrière suscite un nouveau standard de beauté et incite les jeunes à opter pour une intervention chirurgicale. Un expert en chirurgie plastique décrypte ce phénomène.
Avec plus de trois milliards de vues, la tendance du « Ponytail lift » sur TikTok fait des ravages. Ce réseau social regorge de tutoriels vidéo démontrant comment obtenir un effet lifting naturel en créant simplement une queue-de-cheval haute et bien serrée. Des astuces capillaires et des subterfuges en trompe-l’œil, tels que l’utilisation de bandes adhésives ou de maquillage, abondent également. Plus surprenant encore, la plateforme présente de nombreuses transformations avant/après de personnes ayant subi une intervention de chirurgie esthétique du visage pour obtenir un aspect « tiré » et rajeuni de manière permanente. Des célébrités comme Bella Hadid, Ariana Grande, Hailey Bieber ou Kylie Jenner servent d’inspiration à ce nouveau standard de beauté.
Il convient de noter que le terme « Ponytail lift » (ou « lifting queue-de-cheval » en anglais) n’est pas un terme médical, mais un concept marketing désignant une procédure esthétique bien établie, au même titre que le « Foxy eyes », le « Baby botox » ou les « Russian lips ». Selon les chirurgiens, cette technique rebaptisée par un praticien à Hollywood met en avant la chirurgie faciale sous endoscopie. Cette méthode existe déjà depuis 30 ans.
Techniquement, il s’agit d’un lifting vertical du milieu du visage réalisé à l’aide d’un endoscope. Les incisions sont moins longues que lors d’un lifting traditionnel. Le chirurgien esthétique pratique tout de même un décollement cutané, mais de manière plus modérée. Ils utilisent une caméra et un écran pour guider leurs instruments. Ils commencent par décoller en profondeur depuis le front, descendent latéralement à l’angle externe de l’œil qu’ils étirent, puis ils poursuivent dans la joue. Le praticien remonte la pommette et tire la tempe vers le haut. En parallèle, il réalise une incision sous-cutanée derrière l’oreille, plutôt qu’à l’avant, ce qui est indispensable si on veut retendre la partie inférieure du visage. »
Contrairement au lifting du visage traditionnel, le « Ponytail lift » ne nécessite pas l’élimination de l’excès de peau. Par conséquent, les candidates idéales sont celles présentant des signes minimes de vieillissement cutané et souhaitant apporter de légères améliorations plutôt qu’une transformation totale. Cependant, contrairement aux vidéos « avant/après » expéditives circulant sur les réseaux sociaux, ce n’est pas une opération à effectuer pendant la pause déjeuner pour retourner immédiatement à ses activités. Cela nécessite au minimum une chirurgie ambulatoire. mais plutôt, il s’agit d’une intervention invasive, car le lifting endoscopique atteint les couches profondes, passant près de l’os. Les œdèmes et les gonflements sont persistants et il faut attendre deux à trois mois pour apprécier les résultats et retrouver une vie sociale normale. Les résultats durent entre cinq et dix ans après cette période d’attente.
Certaines personnes ayant subi un « Ponytail lift » prétendent que les cicatrices postopératoires sont invisibles, même lorsqu’elles coiffent leurs cheveux en chignon. Cependant, les médecins précisent que les cicatrices sont situées exactement au même endroit que pour un lifting temporal classique, c’est-à-dire au ras de la ligne capillaire antérieure. La seule différence réside dans l’absence d’incision devant l’oreille, ce qui peut expliquer cette impression de discrétion.
Tout comme d’autres tendances en médecine esthétique aux noms accrocheurs qui deviennent virales sur TikTok, cette pratique « hollywoodienne » attire principalement les milléniaux et la Génération Z. On observe que cette tendance cible principalement les jeunes femmes qui vivent dans l’instantanéité des réseaux sociaux. Les patientes de plus de 40 ans cherchent à améliorer leur apparence de manière raisonnable, tandis que le ‘Ponytail lift’ transforme le visage de manière plus radicale. C’est une chirurgie de transformation, en quelque sorte. Elle met également en garde contre la normalisation digitale de la chirurgie esthétique : Certains chirurgiens esthétiques conseillent de se méfier de toutes ces tendances telles que le ‘Foxy eyes’ ou les ‘Russian lips’, qui ne conviennent pas nécessairement à tout le monde. Elles créent des physionomies artificielles qui ont un impact significatif sur la perception de notre propre visage. Ils déconseillent formellement cette opération aux personnes souffrant de dysmorphophobie, une pathologie qui déforme la perception de l’image corporelle.
Si cette tendance séduit principalement un public jeune aux États-Unis, la demande reste modeste en France. La ‘French touch’ de la chirurgie plastique vise à aider les patients à se sentir mieux dans leur peau. Les patients recherchent généralement un résultat naturel. Cependant, les liftings endoscopiques sont couramment pratiqués en France sur des personnes plus âgées. Certaines en ont besoin en vieillissant, car avec le temps, la pommette peut s’affaisser si la structure osseuse du visage n’est pas suffisamment développée pour soutenir les tissus.
En ce qui concerne les tarifs, un « Ponytail lift » nécessite un budget conséquent, allant d’environ 3000 à 4000 euros, en fonction du chirurgien choisi et de la localisation de son cabinet.